ARVA : COMPATIBILITÉ NUMÉRIQUE/ANALOGIQUE EN QUESTION
Les DVA (détecteurs de victimes d'avalanches, terme que les fabricants préfèrent dorénavant à ARVA, qui est une marque comme frigidaire) peuvent-ils être aveugles ? Le cas avait été évoqué lors d'une réunion sur la sécurité et les avalanches à Chamonix, au début de l'année : des tests montrent en effet que les DVA numériques peuvent, lors d'une recherche de victimes, ne pas « voir » les vieux DVA analogiques. Surprenant, mais surtout inquiétant. Nous avons cherché à en savoir un peu plus.
Rendez-vous est pris avec Alexis Mallon, guide, prof à l'Ensa et président de la commission technique de l'UIAGM (Union Internationale des Associations de Guides de Montagne). Les DVA, il connaît : « nous n'avons pas de préférence pour les marques. Nous ne sommes pas des professionnels du secours, nous sommes des guides, nous en formons et il faut que nos élèves connaissent ces questions. Ces problèmes de reconnaissance entre appareils numériques et vieux DVA analogiques pourraient avoir de graves conséquences sur le terrain. Donc, nous avons fait des tests (1) à l'ENSA avec des pisteurs de la vallée de Chamonix. »
Le premier duo testé était un numérique (Pulse de Barryvox) et un DVA analogique (F1 d'Ortovox). Résultat : «le Pulse n'a pas reconnu le vieux F1.» Deuxième phase du test avec deux DVA d'une même marque : un F1 d'Ortovox avec, en appareil de recherche, le dernier né de la famille, le S1 qui a la capacité de déterminer si le DVA recherché émet dans la bande de fréquence ou pas. Résultat : « le S1 reconnaît le F1 comme étant trop vieux et hors bande. Il n'aurait donc pas été retrouvé par un vieux DVA analogiques numérique plus simple que le S1. »
« Ce problème ne se pose qu'entre les analogiques et les numériques : le signal émis par un vieux DVA n'est pas stable donc le système du récepteur numérique n'est pas capable de distinguer s'il s'agit du signal d'un autre DVA ou s'il s'agit simplement de bruit et la recherche devient incohérente », précise Patrick Giraudon de Nic Impex, fabricant français de la marque ARVA. La remarque est confirmée par Dominique Boyer d?Ortovox France : « un DVA analogique arrivera toujours à retrouver un DVA analogique, même s'il est ancien. »
Pour comprendre les résultats des tests, il faut savoir que la norme d'émission des DVA est de 457 kHz, avec une tolérance de ±80 Hz (jusqu'en 2000 la tolérance était de ±100 Hz). Cela veut dire que les fréquences d'émission des appareils sont dans la norme si elles sont comprises entre 456,920 kHz et 457,080 kHz. «Cette tolérance pose problème dans plusieurs cas. D'abord, il faut savoir que la fréquence des DVA varie avec la température. Les 457 kHz de base vont dévier avec la température. A 10°C, un appareil, construit à la limite de la tolérance basse, passe hors de la bande acceptée par la norme et peut donc ne plus être reconnu par les autres DVA.Par ailleurs, l'âge des appareils est un facteur très important. Les fréquences peuvent varier vers le haut ou le bas de la bande du fait de l'usure des composants. Et le problème se pose lorsqu'un DVA est construit au départ à la limite de la tolérance. Il sort facilement de la bande reconnaissable par les autres appareils,» poursuit Alexis Mallon. Le rapport complet d'autres tests, réalisés ceux-ci par l'amena à l'automne 2000, semble corroborer cette affirmation.
Nous avons demandé au fabricant allemand Ortovox si des modifications techniques avaient été réalisées sur leurs appareils depuis ces tests. Question technique à laquelle nous n'avons reçu que cette réponse officielle : «tous les A.R.V.A. Ortovox sont fabriqués avec le plus grand soin, selon les techniques de fabrication les plus modernes et respectent strictement les exigences des normes A.R.V.A. actuelles : EN 300 718-1, EN 300 718-2 et EN 300 718-3. Indépendamment du modèle, tous les A.R.V.A. ORTOVOX émettent, sans aucune exception, depuis 1981 aux fréquences actuellement demandées par la norme, soit 457 kHz, avec une tolérance de +/- 80 Hz pour l'émetteur.»
L'électronique n'est pas infaillible et celle des DVA ne fait pas exception. «Passés dix ans, les composants vieillissent. C'est la même chose pour tous les appareils, quelle que soit la marque : le marché est très petit, nous avons tous les mêmes composants et presque tous les mêmes fournisseurs», poursuit Patrick Giraudon. Pour limiter les effets de la déviation des fréquences d?émission, la solution paraît simple : se rapprocher le plus possible de la fréquence de base de 457 kHz. Trop simple : « aujourd'hui, les fabricants sont capables de caler les quartz des émetteurs assez bien. Mais, techniquement, il est impossible d'être calé exactement sur 457 kHz. Plus on est proche des 457 kHz plus c'est cher. »
Car, et on s'en doutait, le problème n'est pas uniquement technique. Il est aussi économique. « Petit à petit, la Cisa-Ikar (Commission Internationale de Secours Alpin - IKAR est l'acronyme allemand) demande un resserrement de la norme. A terme, on va y arriver. Mais, on ne doit pas oublier le marché existant, on ne peut pas limiter la tolérance tout de suite. Nous avons une responsabilité morale, nous ne pouvont pas imposer aux usagers de changer d'un seul coup leurs DVA », estime Patrick Giraudon.
Pour Dominique Boyer, la meilleure réponse serait justement « un plus grand taux de renouvellement des DVA. Il y a encore des gens qui nous envoient des appareils qui ont vingt ans en nous demandant pourquoi il ne marchent plus ! Notre problème c'est l'évolution des appareils numériques par rapport aux analogiques. »
Bref, pour éviter que les DVA ne deviennent aveugles et muets, il faut les changer régulièrement. Mais surtout, il faut s'entraîner, les tester avant chaque départ. Et, comme on l'avait souligné lors de la conférence sur les avalanches et la sécurité : « la technologie peut permettre de retrouver une personne. Vivante ou morte. » Aucune technologie n'est parfaite.
Rendez-vous est pris avec Alexis Mallon, guide, prof à l'Ensa et président de la commission technique de l'UIAGM (Union Internationale des Associations de Guides de Montagne). Les DVA, il connaît : « nous n'avons pas de préférence pour les marques. Nous ne sommes pas des professionnels du secours, nous sommes des guides, nous en formons et il faut que nos élèves connaissent ces questions. Ces problèmes de reconnaissance entre appareils numériques et vieux DVA analogiques pourraient avoir de graves conséquences sur le terrain. Donc, nous avons fait des tests (1) à l'ENSA avec des pisteurs de la vallée de Chamonix. »
Le premier duo testé était un numérique (Pulse de Barryvox) et un DVA analogique (F1 d'Ortovox). Résultat : «le Pulse n'a pas reconnu le vieux F1.» Deuxième phase du test avec deux DVA d'une même marque : un F1 d'Ortovox avec, en appareil de recherche, le dernier né de la famille, le S1 qui a la capacité de déterminer si le DVA recherché émet dans la bande de fréquence ou pas. Résultat : « le S1 reconnaît le F1 comme étant trop vieux et hors bande. Il n'aurait donc pas été retrouvé par un vieux DVA analogiques numérique plus simple que le S1. »
« Ce problème ne se pose qu'entre les analogiques et les numériques : le signal émis par un vieux DVA n'est pas stable donc le système du récepteur numérique n'est pas capable de distinguer s'il s'agit du signal d'un autre DVA ou s'il s'agit simplement de bruit et la recherche devient incohérente », précise Patrick Giraudon de Nic Impex, fabricant français de la marque ARVA. La remarque est confirmée par Dominique Boyer d?Ortovox France : « un DVA analogique arrivera toujours à retrouver un DVA analogique, même s'il est ancien. »
Pour comprendre les résultats des tests, il faut savoir que la norme d'émission des DVA est de 457 kHz, avec une tolérance de ±80 Hz (jusqu'en 2000 la tolérance était de ±100 Hz). Cela veut dire que les fréquences d'émission des appareils sont dans la norme si elles sont comprises entre 456,920 kHz et 457,080 kHz. «Cette tolérance pose problème dans plusieurs cas. D'abord, il faut savoir que la fréquence des DVA varie avec la température. Les 457 kHz de base vont dévier avec la température. A 10°C, un appareil, construit à la limite de la tolérance basse, passe hors de la bande acceptée par la norme et peut donc ne plus être reconnu par les autres DVA.Par ailleurs, l'âge des appareils est un facteur très important. Les fréquences peuvent varier vers le haut ou le bas de la bande du fait de l'usure des composants. Et le problème se pose lorsqu'un DVA est construit au départ à la limite de la tolérance. Il sort facilement de la bande reconnaissable par les autres appareils,» poursuit Alexis Mallon. Le rapport complet d'autres tests, réalisés ceux-ci par l'amena à l'automne 2000, semble corroborer cette affirmation.
Nous avons demandé au fabricant allemand Ortovox si des modifications techniques avaient été réalisées sur leurs appareils depuis ces tests. Question technique à laquelle nous n'avons reçu que cette réponse officielle : «tous les A.R.V.A. Ortovox sont fabriqués avec le plus grand soin, selon les techniques de fabrication les plus modernes et respectent strictement les exigences des normes A.R.V.A. actuelles : EN 300 718-1, EN 300 718-2 et EN 300 718-3. Indépendamment du modèle, tous les A.R.V.A. ORTOVOX émettent, sans aucune exception, depuis 1981 aux fréquences actuellement demandées par la norme, soit 457 kHz, avec une tolérance de +/- 80 Hz pour l'émetteur.»
L'électronique n'est pas infaillible et celle des DVA ne fait pas exception. «Passés dix ans, les composants vieillissent. C'est la même chose pour tous les appareils, quelle que soit la marque : le marché est très petit, nous avons tous les mêmes composants et presque tous les mêmes fournisseurs», poursuit Patrick Giraudon. Pour limiter les effets de la déviation des fréquences d?émission, la solution paraît simple : se rapprocher le plus possible de la fréquence de base de 457 kHz. Trop simple : « aujourd'hui, les fabricants sont capables de caler les quartz des émetteurs assez bien. Mais, techniquement, il est impossible d'être calé exactement sur 457 kHz. Plus on est proche des 457 kHz plus c'est cher. »
Car, et on s'en doutait, le problème n'est pas uniquement technique. Il est aussi économique. « Petit à petit, la Cisa-Ikar (Commission Internationale de Secours Alpin - IKAR est l'acronyme allemand) demande un resserrement de la norme. A terme, on va y arriver. Mais, on ne doit pas oublier le marché existant, on ne peut pas limiter la tolérance tout de suite. Nous avons une responsabilité morale, nous ne pouvont pas imposer aux usagers de changer d'un seul coup leurs DVA », estime Patrick Giraudon.
Pour Dominique Boyer, la meilleure réponse serait justement « un plus grand taux de renouvellement des DVA. Il y a encore des gens qui nous envoient des appareils qui ont vingt ans en nous demandant pourquoi il ne marchent plus ! Notre problème c'est l'évolution des appareils numériques par rapport aux analogiques. »
Bref, pour éviter que les DVA ne deviennent aveugles et muets, il faut les changer régulièrement. Mais surtout, il faut s'entraîner, les tester avant chaque départ. Et, comme on l'avait souligné lors de la conférence sur les avalanches et la sécurité : « la technologie peut permettre de retrouver une personne. Vivante ou morte. » Aucune technologie n'est parfaite.
Article Skipass 1 mai 2008